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Marche arrière avec le télétravail

Des entreprises font marche arrière avec le télétravail et votre entreprise y pense déjà. La nécessité de collaborer et d’innovation impliquent une plus grande proximité et une complicité accrue entre les membres d’équipe projets. La spontanéité, la fréquence et la qualité des intéractions doivent accompagner tous les dispositifs de flexibilité du temps et la multiplication des lieux de travail et des modes de travail. Les outils numériques et la digitalisation de l’environnement de travail doivent composer avec la nature complexe et hautement interactive du travail agile et créatif qui conduisent au succès.

Le télétravail est le futur du travail, mais… 

Le futur passe par plus de télétravail. Nous en sommes tous convaincus.

Les applications de vidéo-conférences Skype, la messagerie instantanée WhatsApp et à la plateforme collaborative Slack et Dropbox ont envahi nos existences mobiles et hyperconnectées. Moins de fatigue et moins de stress. Enfin presque !

Pourtant, des entreprises comme Yahoo en 2014 ou IBM à la fin 2016 ont émise de nouvelles politiques pour ramener leurs employés au bureau. Pour certaines organisations, le télétravail est maintenant beaucoup plus encadré. Facebook, l’une des entreprises les plus cool au monde, incite financièrement ses employés à emménager près de ses bureaux pour s’y présenter au lieu de rester chez soi. Certains organisations en profite pour rétrécir les surfaces louées. Mais en même temps, elles créent des espaces collaboratifs, confortables et agréables car elles veulent donner envie aux employés d’y passer plus de temps de qualité.

Alors, pourquoi assiste-t-on à ce retour du travail au bureau ?

Le télétravail : populaire mais insuffisant !

La recherche a démontré que le télétravail est bénéfique pour la productivité individuelle.

C’est surtout vrai lorsque les tâches sont bien définies, transactionnelles et plutôt répétitives et qu’elles exigent une faible interdépendance avec les autres employés. On observe même un niveau d’engagement psychologique au travail qui est plus élevé chez les employés travaillant occasionnellement là où ils le souhaitent. La flexibilité des modalités de travail est une valeur en hausse.

Mais le télétravail révèle souvent un plus grave problème, celui d’un manque d’engagement des employés. Les managers ont de la peine à engager leurs employés bien au-delà des distances, des outils de télétravail et des plateformes collaboratives. Parfois, les managers ne sont tout simplement pas présents en ligne. Certains perdent même le contact. Le télétravail est une distance de plus.

Le télétravail change le travail mais les gestionnaires n’ont pas changé leur management pour s’adapter au travail à distance. Ils ne sont plus seulement des gardiens du temps, de la conformité et de la performance des employés. Les gestionnaires ont muté en agent de mobilisation. Ils donnent du sens au travail. Ils responsabilisent et ils accompagnent davantage. Ils rendent les employés autonomes et donnent plus facilement de la reconnaissance.

Le télétravail creuse souvent un déficit relationnel si on tombe dans ses pièges. Les aspects informels du travail, tels que les discussions de couloir et les rencontres impromptues entre collègues favorisent de multiples partages d’expériences. Ces rencontres s’observent plus rarement en ligne. Et certains problèmes complexes ou hautement politiques sont presque impossible à solutionner via texto et dans de longues chaines d’emails.

Le télétravail : moderne mais déjà dépassé !

Les organisations les plus agiles innovent, solutionnent et cocréent plus vite et plus que jamais.

Pour faire prendre la sauce de l’intelligence collective, les rencontres sont aujourd’hui favorisées par des espaces ouverts et accueillants, multifonctionnels. Les échanges y sont plus spontanés et offrent une proximité favorisant la prise de décisions rapides et peut-être plus audacieuses. La collaboration mise en place entre différents départements, experts, partenaires et clients atteint des sommets de sophistication dans des délais plus serrés.

Les organisations en arrivent donc à vouloir réénergiser leurs employés avec des activités sociales récréatives mais aussi avec des activités d’apprentissage et de résolution de problèmes en groupe. Face à la dispersion des intéractions sur de multiples plateformes, la présence attentive et la concentration en groupe sont le gage d’un travail approfondi et de décision de qualité. On assiste donc à l’émergence d’ateliers de cocréation et de rétroaction qui suscitent l’écoute, les rencontres et la connaissance des autres avant de résoudre des questions ou de passer à l’action.

Mais surtout, les équipes en présence peuvent amorcer un plus haut degré de confiance qui caractérise les équipes les plus performantes. Plus le travail est complexe et interdépendant, plus le rapprochement quotidien renforce l’alliage d’une équipe et entre les équipes (voir Source 1).

A-t-on déjà vu une équipe de la Nasa s’entrainer en ligne pour une mission sur la Lune ?

Quand IBM ou Yahoo rassemblent leurs employés, c’est pour ajouter des dimensions cognitives, collaboratives, agiles et créatives.

On retrouve les vertus de la réunion avec un focus attentionnel et relationnel. D’ailleurs, quand on sonde les employés pour savoir ce qui contribue le plus au fait de vivre une expérience positive au travail, le fait d’appartenir à une équipe est déterminant. Avoir des buts clairs, ressentir que l’on utilise ses compétences et avoir des défis stimulants façonnent une perception positive de son travail.

Finalement, l’expérience employé positive concourt à avoir un effort supplémentaire des employés. Je vous laisse imaginer l’impact sur l’organisation et les clients.

Le télétravail n’est pas à lui seul le futur du travail.

L’option du télétravail et la flexibilité des horaires de travail sont évidemment des incontournables pour attirer des candidats. Elles sont aussi une grande source de satisfaction pour la plupart d’en nous. Mais, télétravail ou pas, c’est la nature profondément relationnel et social du travail qui réclame en priorité un leadership mobilisant, des outils de travail simples et mobiles, des relations riches et un sens au travail.

Plus le travail devient mobile, distant et hyperconnecté, plus il a besoin de s’affirmer comme humain.

Pour en savoir plus :

Source 1: How Effective Is Telecommuting? Assessing the Status of Our Scientific Findings. Tammy D. Allen, Timothy D. Golden, Kristen M. Shockley. 2015. http://journals.sagepub.com/stoken/rbtfl/EnhOwEhELZ4aI/full

Source 2:  Psychological Safety and Learning Behavior in Work Teams Amy Edmondson. Administrative Science Quarterly, Vol. 44, No. 2 (Jun., 1999), pp. 350-383 Johnson Graduate School of Management, Cornell University Stable URL: http://www.jstor.org/stable/2666999

NOTE: 

Cet article a été publié le 15 novembre 2017 en collaboration avec le magazine et site web Jobboom. La version présentée ici est enrichie de quelques phrases et références.

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